Catalogue
Honoré de Balzac
La Vendetta (1830-1842)
Récit liminaire de la première édition de Scènes de la vie privée (1830), La Vendetta constitue un exemple privilégié de la mutation de l’œuvre balzacienne dans son ensemble. D’abord, la réécriture impacte le style et certains détails : un récit à connotation mélodramatique devient ainsi une véritable quête sociale, selon l’esprit scientifique des Études des mœurs. Enfin, dans le cadre de La Comédie humaine, des personnages anonymes sont transformés en personnages reparaissants.
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Le Bal de Sceaux (1830-1842)
Initialement publié en tête des Scènes de la vie privée, Le Bal de Sceaux intègre ensuite les Études de mœurs puis La Comédie humaine, scandant les grands moments de l’entreprise éditoriale balzacienne. Les comparaisons des versions donnent à voir d’abondantes retouches sur le plan local. L’intrigue amoureuse entre Emilie de Fontaine et son prétendant Maximilien, dont le statut social fait énigme dans le récit, est ainsi subtilement renouvelée au fil des réécritures.
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Sarrasine (1830-1844)
Suite à sa parution en journal (1830), Sarrasine est réédité six fois entre 1831 et 1844. Au fil des réécritures, Balzac nuance son texte et précise le rapport qu’il entretient avec le reste de son œuvre. Outre des détails stylistiques, la composition évolue, les personnages changent de nom et le fantastique s’estompe au profit de la vraisemblance historique. Sarrasine exemplifie ainsi le parcours d’un récit qui intègre différents recueils pour, finalement, trouver sa place au sein de La Comédie humaine.
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La Peau de chagrin (1830-1845)
Mû par des motifs aussi variés que le perfectionnement stylistique, la formation de recueils, le déplacement générique ou encore l'intégration à La Comédie humaine, Balzac est l'un des auteurs qui a le plus réécrit ses œuvres après publication. Exemple remarquable, La Peau de chagrin connaît huit versions successives, de 1831 à 1845, publiées, contrôlées et assumées par l'écrivain - chacune plus « définitive » que la précédente !
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Le Colonel Chabert (1832-1844)
Au cours de son évolution éditoriale (1832-1844), l’histoire du Colonel Chabert a connu une grande instabilité, au point qu’il n’est pas illégitime de remettre en question l’unité et l’identité de l’œuvre : changements de titres, variation de la structure interne du texte et des intertitres, modification du nom des personnages, nouveaux d’éditeurs… Quant au récit lui-même, il a également subi de profondes révisions, tant sur le plan des faits relatés que du style.
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La Vieille Fille (1836-1844)
Après plusieurs ébauches disparates autour du thème de la vieille fille, Balzac finit de composer sa nouvelle alors que La Presse a lancé sa publication en tranches quotidiennes. Au début novembre 1836, le premier roman feuilleton de la littérature française naissait et sa notoriété était assurée. Mais le destin extraordinaire de La Vieille Fille se poursuit lorsque Balzac révise son feuilleton pour le ramasser en volume, ou encore, finalement, pour assurer son intégration à La Comédie humaine.
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Albert Savarus (1842-1843)
Publié trois fois en moins de deux ans, Albert Savarus a connu un destin éditorial intense. Au fil des rééditions, on le voit changer de support (de la presse au livre), de composition (avec puis sans chapitres), de titre et même de genre par l’ajout d’un épisode conclusif. Ce court roman constitue ainsi un observatoire privilégié de la création balzacienne en phase post-éditoriale.
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René Boylesve
Le Parfum des îles Borromées
Au tournant des XIXe et XXe siècles, le style « fin-de-siècle », taxé de chantournement et d’affectation, cède peu à peu la première place à une sobriété et à une tenue toutes classiques. C’est sous l’impulsion du critique Louis Ganderax et de cette nouvelle vogue que Boylesve réécrit son roman Le Parfum des îles Borromées. Le chantier durera dix ans : entre 1898 et 1908, le roman, réduit de moitié, connaît une métamorphose très révélatrice des nouveaux engouements de la Belle Époque.
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Benjamin Constant
Adolphe (1816-1828)
Publié pour la première fois en 1816, le plus célèbre des textes de Benjamin Constant a fait l’objet de quatre rééditions du vivant de l’auteur. On lira ici chacune de ces versions et notamment la très rare « Seconde édition ». Au fil des révisions, des détails stylistiques sont modifiés, notamment la ponctuation. Mais Constant transforme également le péritexte : pour mieux contrôler la réception de son roman psychologique – l’un des tout premiers du genre –, il ajoute des préfaces qui visent à contrer la lecture à clef.
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Gustave Flaubert
L’Éducation sentimentale (1869-1879)
À sa publication en 1869, L’Éducation sentimentale présente déjà les marques structurelles et esthétiques de la modernité qui sera célébrée par la suite. Néanmoins, elles ont été notablement accentuées dans la « nouvelle édition », parue en 1879 – au terme d’une relecture par l’auteur aussi indéniable que contrariée par l’incurie des typographes. C’est cette édition qui a donné au roman sa physionomie définitive – postérieure à Trois contes et concomitante à la rédaction de Bouvard et Pécuchet.
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Guy Maupassant
Le Horla (1885-1887)
Oeuvre phare de la littérature fantastique, « Le Horla » trouve ses racines dans un texte très bref, à caractère épistolaire (« Lettre d’un fou »). Il a ensuite connu sa première publication sous la forme d’une nouvelle, pour être finalement recomposé en journal intime. La réécriture, motivée par la transformation du cadre générique, donne à voir, de manière spectaculaire, une des voies que Maupassant emprunte dans l’exercice de la création.
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Charles Perrault
Histoires ou contes du temps passé (1695-1697)
Tout le monde lit, a lu ou s’est fait lire les « Contes de Perrault ». Mais sous ce titre forgé par la tradition, que lit-on ? En réunissant pour la première fois le manuscrit des Contes de ma mere loye, « La Belle au bois dormant » paru dans le Mercure Galant et les deux publications autorisées du recueil, la présente édition livre tous les témoins de la genèse éditoriale de cette œuvre majeure du patrimoine littéraire francophone.
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Charles Ferdinand Ramuz
Les Signes parmi nous (1919-1941)
Les Signes parmi nous, 1919 : un « Tableau » de trente-cinq courtes scènes villageoises liées entre elles par la peur croissante d’une fausse fin du monde et juxtaposées dans un petit livre carré dont Ramuz a choisi lui-même la composition typographique et le papier. Que reste-t-il de l’esthétique initiale, fortement expressionniste, une fois le récit réécrit pour Grasset, en 1931, puis révisé encore, en 1940, pour rejoindre les œuvres complètes de l’auteur ? Ou, autre manière d’interroger cette écriture continuée après édition : comment Ramuz revient-il, en fin de carrière, sur l’une de ses œuvres les plus expérimentales ?
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Émile Zola
Les Mystères de Marseille (1867-1884)
Qu’il rougirait de ses premières œuvres, voilà la rumeur que le Zola de la maturité affirme vouloir détruire lorsqu'il réédite chez Charpentier Les Mystères de Marseille en 1884, soit dix-sept ans après sa première publication dans la presse provençale. S’il déclare assumer son roman de jeunesse, Zola se montre aussi très soucieux de l’améliorer : durant près de vingt ans, il ne cesse de revenir à son récit, de le réécrire pour le rééditer davantage qu'il ne le fait pour les pièces les plus célèbres des Rougon-Macquart.
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L'Assommoir (1876-1877)
« Lisez lentement, lisez tout, d’un roman de Zola, le livre vous tombera des mains », disait Barthes (Le Plaisir du texte 1973). La présente édition, qui réunit et compare la version feuilleton (1876-1877) et l’édition originale (1877) du célèbre roman ouvrier de Zola, invite pourtant précisément à une lecture lente et minutieuse. Elle révèle un écrivain non seulement soucieux de rétablir les segments censurés dans le journal, mais aussi et surtout de soigner les détails du style.
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